Text Français en bas de page 

On Stairways

What do stairways tell us about the societies that built them? What do they reveal about class, power, and the state?
 

In these photographs, I propose another way of looking at stairways—beyond their everyday, utilitarian function. By juxtaposing ancient and contemporary examples, I seek to uncover the more transcendent meanings they may hold.

In Albi, in the Occitanie region of France, the stairway that leads toward the fortress-cathedral seems to rise straight to heaven.

In Puerto Rico, at the El Morro fortress, built during the Spanish colonization of the island, there is an extraordinary stairway that penetrates the walls of the fort, almost allowing you to travel back in time and imagine the colonists and their bodies of armed men ascending and descending those same steps.

In contrast, the stairways of The Bronx, or those deep inside the Paris Métro, speak of collective movement, carrying workers to and from their jobs each day. Thousands of people pass through them, their paths crossing for a brief moment in transit. These stairways form the vascular system of the modern megapolis.

The ancient stairways of the pyramids at Teotihuacán and Monte Albán in Mexico were, in essence, “stairways to heaven,” where the ruling elite quite literally stood in power at the summit. Here, the very steep stairways were more like barriers—blocking access to both Power and the Divine—clear evidence of what Engels called “special bodies of armed men.” The ruling class claimed a direct link to the gods and mediated between them and the peasants and artisans who built the very pyramids that embodied this social order.

At Versailles, on the outskirts of Paris, the palace served as the primary residence of monarchs Louis XIV, Louis XV, and Louis XVI. We can imagine ourselves at the opposite end of the Odessa Steps sequence from Eisenstein’s Battleship Potemkin: we have tumbled to the bottom of the stairway (or pyramid) and gaze once again toward the heavens. The stairway at Versailles, like those in Mexico, can also be read as a pyramid—visual evidence of a rigid social hierarchy. Seen from below, even though nothing physically prevents us from climbing, the feeling is one of exclusion. The road to the top is a very long one.

—--------

Que nous disent les escaliers sur les sociétés qui les ont construits ? Que révèlent-ils des rapports de classe, de pouvoir et de l’État ?

Dans ces photographies, je propose une autre manière de regarder les escaliers — au-delà de leur fonction quotidienne et utilitaire. En confrontant des exemples anciens et contemporains, j’essaie d’en révéler la portée symbolique et spirituelle.

À Albi, dans la région Occitanie, l’escalier qui mène vers la cathédrale-forteresse semble s’élever droit vers le ciel.

À Porto Rico, dans la forteresse d’El Morro, construite pendant la colonisation espagnole de l’île, un escalier extraordinaire traverse les murs du fort, donnant presque l’impression de remonter le temps et d’imaginer les colons et leurs corps d’hommes armés montant et descendant ces mêmes marches.

À l’inverse, les escaliers du Bronx ou ceux enfouis dans le métro parisien évoquent le mouvement collectif, transportant chaque jour les travailleurs entre leur domicile et leur lieu de travail. Des milliers de personnes les empruntent, leurs chemins se croisant un instant dans le flux du quotidien. Ces escaliers forment le système vasculaire de la mégapole moderne.

Les anciens escaliers des pyramides de Teotihuacán et de Monte Albán, au Mexique, étaient en essence des « escaliers vers le ciel », où l’élite dirigeante se tenait littéralement au sommet du pouvoir. Ici, les marches abruptes agissaient comme des barrières, bloquant l’accès à la fois au Pouvoir et au Divin — preuve manifeste de ce qu’Engels appelait des « corps spéciaux d’hommes armés ». La classe dirigeante revendiquait un lien direct avec les dieux et faisait office d’intermédiaire entre eux et les paysans et artisans qui avaient bâti ces pyramides, symboles de l’ordre social établi.

À Versailles, aux abords de Paris, le palais fut la résidence principale des monarques Louis XIV, Louis XV et Louis XVI. On peut s’imaginer à l’extrémité opposée de la célèbre séquence des Marches d’Odessa dans le film Le Cuirassé Potemkine d’Eisenstein : nous avons dévalé les marches (ou la pyramide) et levons à nouveau les yeux vers le ciel. L’escalier de Versailles, comme ceux du Mexique, peut lui aussi se lire comme une pyramide — une métaphore visible d’une hiérarchie sociale rigide. Vu d’en bas, même si rien ne nous empêche physiquement de monter, le sentiment reste celui de l’exclusion. Le chemin vers le sommet est bien long.



Sections

On Stairways / Sur Escaliers

Text Français en bas de page 

On Stairways

What do stairways tell us about the societies that built them? What do they reveal about class, power, and the state?
 

In these photographs, I propose another way of looking at stairways—beyond their everyday, utilitarian function. By juxtaposing ancient and contemporary examples, I seek to uncover the more transcendent meanings they may hold.

In Albi, in the Occitanie region of France, the stairway that leads toward the fortress-cathedral seems to rise straight to heaven.

In Puerto Rico, at the El Morro fortress, built during the Spanish colonization of the island, there is an extraordinary stairway that penetrates the walls of the fort, almost allowing you to travel back in time and imagine the colonists and their bodies of armed men ascending and descending those same steps.

In contrast, the stairways of The Bronx, or those deep inside the Paris Métro, speak of collective movement, carrying workers to and from their jobs each day. Thousands of people pass through them, their paths crossing for a brief moment in transit. These stairways form the vascular system of the modern megapolis.

The ancient stairways of the pyramids at Teotihuacán and Monte Albán in Mexico were, in essence, “stairways to heaven,” where the ruling elite quite literally stood in power at the summit. Here, the very steep stairways were more like barriers—blocking access to both Power and the Divine—clear evidence of what Engels called “special bodies of armed men.” The ruling class claimed a direct link to the gods and mediated between them and the peasants and artisans who built the very pyramids that embodied this social order.

At Versailles, on the outskirts of Paris, the palace served as the primary residence of monarchs Louis XIV, Louis XV, and Louis XVI. We can imagine ourselves at the opposite end of the Odessa Steps sequence from Eisenstein’s Battleship Potemkin: we have tumbled to the bottom of the stairway (or pyramid) and gaze once again toward the heavens. The stairway at Versailles, like those in Mexico, can also be read as a pyramid—visual evidence of a rigid social hierarchy. Seen from below, even though nothing physically prevents us from climbing, the feeling is one of exclusion. The road to the top is a very long one.

—--------

Que nous disent les escaliers sur les sociétés qui les ont construits ? Que révèlent-ils des rapports de classe, de pouvoir et de l’État ?

Dans ces photographies, je propose une autre manière de regarder les escaliers — au-delà de leur fonction quotidienne et utilitaire. En confrontant des exemples anciens et contemporains, j’essaie d’en révéler la portée symbolique et spirituelle.

À Albi, dans la région Occitanie, l’escalier qui mène vers la cathédrale-forteresse semble s’élever droit vers le ciel.

À Porto Rico, dans la forteresse d’El Morro, construite pendant la colonisation espagnole de l’île, un escalier extraordinaire traverse les murs du fort, donnant presque l’impression de remonter le temps et d’imaginer les colons et leurs corps d’hommes armés montant et descendant ces mêmes marches.

À l’inverse, les escaliers du Bronx ou ceux enfouis dans le métro parisien évoquent le mouvement collectif, transportant chaque jour les travailleurs entre leur domicile et leur lieu de travail. Des milliers de personnes les empruntent, leurs chemins se croisant un instant dans le flux du quotidien. Ces escaliers forment le système vasculaire de la mégapole moderne.

Les anciens escaliers des pyramides de Teotihuacán et de Monte Albán, au Mexique, étaient en essence des « escaliers vers le ciel », où l’élite dirigeante se tenait littéralement au sommet du pouvoir. Ici, les marches abruptes agissaient comme des barrières, bloquant l’accès à la fois au Pouvoir et au Divin — preuve manifeste de ce qu’Engels appelait des « corps spéciaux d’hommes armés ». La classe dirigeante revendiquait un lien direct avec les dieux et faisait office d’intermédiaire entre eux et les paysans et artisans qui avaient bâti ces pyramides, symboles de l’ordre social établi.

À Versailles, aux abords de Paris, le palais fut la résidence principale des monarques Louis XIV, Louis XV et Louis XVI. On peut s’imaginer à l’extrémité opposée de la célèbre séquence des Marches d’Odessa dans le film Le Cuirassé Potemkine d’Eisenstein : nous avons dévalé les marches (ou la pyramide) et levons à nouveau les yeux vers le ciel. L’escalier de Versailles, comme ceux du Mexique, peut lui aussi se lire comme une pyramide — une métaphore visible d’une hiérarchie sociale rigide. Vu d’en bas, même si rien ne nous empêche physiquement de monter, le sentiment reste celui de l’exclusion. Le chemin vers le sommet est bien long.



Sections